Rencontre avec Julien, jardinier à Bernay 1
Serge Tonoli : Julien Pardin, vous êtes jardinier au Bernay 1 depuis quelques années. Maintenant quel fût votre parcours professionnel ?
Julien Pardin: tout débute en 1961, ma carrière s’articule entièrement autour de l’horticulture, qu’il s’agisse de plantes d’appartement, de chrysanthèmes, de greffages de rosiers. L’essentiel de ma carrière s’est faite à Menton, comme responsable d’un parc classé de 6 hectares.
S.T : Pouvez-vous parler de votre handicap (perte du bras gauche) ?
J.P : J’avais 23 ans, je me déplaçai toujours à moto, 20 000 kms par an pour être précis. C’était le 01/08/1970 un samedi après-midi, je rentrais du travail à Bourg-Argental. Arrivé dans la commune de Planfoy, un automobiliste inconscient fit un dépassement sur la troisième voie, le choc fut extrêmement violent. Je me suis réveillé le lendemain à l’hôpital.
S.T : Qu’elles furent les conséquences ?
J.P : Mon bras gauche avait de multiples fractures et la plupart des tendons abimés. Après un an de tentatives pour lui redonner vie, c’est l’échec total.
S.T : Quelles perspectives s’offrent à vous ?
J.P : Il y en a 2, 1ère possibilité, je garde mon bras qui non seulement ne me sert plus à rien, mais de surcroît a une apparence qui me dérange vraiment, 2ème possibilité, c’est de le faire amputer et c’est cette solution que j’ai prise sans jamais le regretter.
S.T : Comment avez-vous vécu cette épreuve ?
J.P : Étant de nature optimiste, j’ai relevé le défi de vivre normalement.
S.T : Quand vous dites que vous avez vécu normalement, qu’entendez-vous par là ?
J.P : J’ai appris à vivre entièrement ma vie, même avec un membre en moins. Certes j’ai du me faire à l’idée que certaines activités ne me seraient plus possible alors que d’autres étaient tout à fait compatibles avec mon nouveau corps.
S.T : On peut dire qu’avec un handicap, l’existence reste un hymne à la vie, il y a juste l’instrument qui change.
J.P : Tout à fait.
S.T : Quelles sont les choses que vous avez accomplies et qui vous ont pleinement satisfait?
J.P : Je me suis marié et avec mon épouse nous avons eu 3 fils qui ont eux aussi un métier qui les passionne. Mon handicap m’ouvrait les portes à des emplois bien mieux rémunérés que le mien, mais j’ai fait le bon choix et je suis allé travailler chaque jour avec passion.
S.T : Je suis sous le charme de la beauté de votre jardin, vous pouvez vous en occuper seul ?
J.P : Absolument, c’est incroyable ce que les capacités d’adaptation peuvent vous permettre de réaliser. Je suis un homme heureux, j’ai appris à ne pas m’apitoyer sur mon sort.
S.T : J’ai rencontré un homme complet malgré son handicap, un homme à qui la vie a joué un mauvais tour, mais qui a gardé le bon point de vue.
Julien a fait les bons choix.
Continuez à être heureux comme vous l’êtes, pendant de nombreuses années encore !......
Serge Tonoli
Président des Jardins Volpette