Biennale du design, l’internationale du jardinage.
Samedi 11 mars la section de Chana les champs était en ordre de marche pour accueillir des jardiniers du bout du monde.
Cette année la 10ème édition de la biennale du design de Saint-Etienne, accueille sa ville sœur d’arme de Détroit avec au programme musique, design et une délégation de 7 fermiers urbains de la capitale du Michigan. L’occasion était donc trop belle pour faire croiser le râteau avec nos jardiniers stéphanois.
Un contexte similaire.
Les jardins Volpette sont nés de la crise économique il y a 120 ans, les fermiers urbains de Détroit sont sortis de terre il y a une petite décennie suite aux mêmes symptômes. La destruction de l’emploi des deux côtés de l’atlantique a fait naître une génération d’activiste du jardin, qui a fait pousser des carottes pour retrouver la dignité dans le travail et avoir accès à des produits sains, le constat est le même, seule différence est le temps qui sépare les destins de Saint-Etienne et de Détroit : 110 ans.
Samedi matin les jardiniers se sont donnés le mot et attendent les américains en bêchant, nettoyant, astiquant leurs jardins, c’est encore tôt dans la saison, la terre est juste retournée, il faut imaginer les rangées de salades, de tomates. Autour de l’équipe de Volpette et son Président Serge Tonoli, Jerry et Billy Hebron, Carol Trowell, Anne Carter, James Lesko, Stephen Gliatto d’Oakland Ave Urban Farm et Jean Louis Farges du studio AKOAKI.
Les échanges tournent autour de notre histoire parallèle et sur la naissance des jardins à Saint-Etienne et Détroit. Jean Louis Farges, franco-américain installé depuis 30 ans au State traduit et conte une histoire douloureuse. Une génération entière qui perd son travail, sa maison et l’accès au rêve américain. Détroit, motor city, est le poumon économique de l’industrie automobile américaine et en 20 ans se sont les fleurons comme Ford ou Chrysler qui se délocalisent au Mexique.
Reste une population abattue, très majoritairement noire et sans aucune aide d’un état qui lui aussi met la clé sous la porte.
Une Renaissance Bucolique.
Oakland Ave Urban Farm est un projet qui va au-delà du jardinage « à la Volpette », ici les parcelles sont exploitées à des fins commerciales, pour de la vente directe ou sur marché. Survivre à une latitude qui permet 4 mois par an de maraîchage, c’est court et c’est courageux.
Les fermiers et les jardiniers échangent à "pioche battue" autour de l’accès à l’eau, à la terre, le compostage, les réserves d’eau, les cabanes…etc, à l’évidence tout le monde parle la même langue, celle de la terre.
Autour d’un verre de vin chaud, les accolades se feront plus franches.
« Amazing », les fermiers américains n’auront que ce mot à la bouche à l’issue de la rencontre, une rencontre simple et humaniste, à l’image de notre bon Père Volpette.
Julien Trambouze Jardinier à Chana les Champs